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Contrastes

Intervention de Nicolas Guérin, Président de la Fédération Française des Télécoms, à la 18ème édition du Congrès Ruralitic.

Nicolas Guérin, Président de la Fédération Française des Télécoms lors de son intervention à la table ronde « Territoires en transitions, les promesses vertes du numérique », de la 18ème édition du Congrès Ruralitic, le mardi 29 août à 14h30 :

« Les opérateurs télécoms sont résolument engagés en faveur d’un aménagement du territoire compatible avec les impératifs de sobriété numérique

Les efforts engagés par les opérateurs pour la numérisation des territoires

Déploiement du plan France Très Haut Débit

Les 4 opérateurs télécoms représentent 99% des opérateurs commerciaux et les principaux opérateurs d’infrastructures qui ont réalisé 80% des lignes raccordables en fibre optique sur l’ensemble du territoire depuis le début du plan France Très Haut Débit. Le déploiement de la fibre optique depuis 2010 constitue le plus grand chantier d’infrastructure du pays. Au 31 décembre 2022, l’Arcep recensait 34,4 millions d’abonnés au haut débit dont 19 millions au Très Haut Débit via la fibre optique ce qui place la France au 1er rang européen en nombre de prises raccordables et raccordées.

Accélération de la couverture mobile du territoire via le New Deal Mobile

Le record historique d’investissements des opérateurs de plus de 14,9 milliards en 2021 et 14,6 milliards en 2022 fait du secteur télécoms le champion des investissements privés dans les territoires : 12,2 milliards en moyenne ces 5 dernières années, bien davantage que les 5,1 milliards dans les réseaux ferrés et le 1,5 milliard dans les autoroutes, infrastructures pourtant indispensables pour le désenclavement des territoires.

Ces investissements ont permis l’utilisation des applications numériques dans les territoires (télétravail, développement d’applications, par exemple pour le covoiturage, les circuits courts, la gestion optimale des ressources naturelles (eau, électricité renouvelable, etc.)

Les efforts engagés par les opérateurs en matière de réduction de leur empreinte environnementale.

Les 4 opérateurs français de réseaux se sont donnés pour objectif commun de contribuer à la neutralité carbone sur les périmètres 1 et 2 d’ici 2040.

Cet engagement a été souscrit dans le cadre d’une Charte des opérateurs en faveur d’un numérique durable, signée en décembre 2021.

La progression de la trajectoire ambitionnée est donnée par le suivi annuel d’indicateurs clés environnementaux dont l’empreinte carbone. Chaque année, la FFTélécoms publie un bilan annuel qui permet aux citoyens de suivre l’évolution positive de la filière d’un point de vue environnemental.

En 2021 (les chiffres 2022 seront dévoilés en décembre lors des vœux annuels de la FFTélécoms), tous les indicateurs furent en progression :

  • Baisse de 10 % du total des émissions de CO2
  • Hausse de 70 % de la part de l’électricité renouvelable utilisée par rapport à l’électricité totale consommée (45 % en 2021) 

L’une des pistes privilégiées pour baisser l’empreinte environnementale des télécoms passe par la substitution progressive du cuivre par la fibre sur l’ensemble des réseaux fixes présents sur le territoire. En effet, un abonné à la fibre consomme quatre fois moins de kWh qu’un abonné cuivre (10 kWh par an pour un abonné fibre contre 35 kWh pour un abonné ADSL, en moyenne en 2020).

Les deux derniers indicateurs manifestent le souci des opérateurs de développer l’économie circulaire, notamment pour les équipements et les terminaux, principaux responsables de l’empreinte carbone du numérique, ainsi que de favoriser l’allongement de la durée de vie des smartphones, qui représentent moins de 13 % de l’empreinte carbone du secteur. Ces indicateurs sont également en progression :

  • Hausse de 119 % du nombre de portables reconditionnés vendus (330 797 en 2021) ;
  • Hausse de 55 % du nombre de portables collectés par rapport au total des portables vendus (17,56 % en 2021)

Ils sont cependant conscients – et les équipementiers des réseaux – qu’il leur faut aller plus loin :

Dans le cadre de la feuille de route de décarbonation du numérique, rédigée et présentée en juin 2023 par le secteur en application de la loi Climat, les opérateurs ont proposé de réduire l’empreinte carbone des réseaux en agissant sur une dizaine de leviers qui vont de la conception et du fonctionnement des équipements au déploiement et à l’exploitation des réseaux.

Dès la phase de conception des produits, les équipementiers et les opérateurs proposent de travailler sur la réduction du carbone embarqué par l’écoconception des équipements eux-mêmes, des câbles et accessoires télécoms, et des boxes pour les modèles à la marque des opérateurs télécoms.

Pour la phase de fonctionnement des équipements, les opérateurs ont identifié plusieurs leviers de décarbonation. L’un a trait à l’efficacité énergétique accrue des nouveaux équipements antennaires (les antennes actives ou MIMO). Selon les équipementiers, elles devraient permettre 35% de réduction de l’énergie par bits de données d’ici 2030 et donc de la consommation du réseau radio à performance équivalente sur la période.

Une autre source d’économies d’énergie rapidement mobilisable est la mise en veille de certaines fréquences du réseau mobile en l’absence d’usage. Selon les équipementiers, cela permettrait au moins 10% de réduction (de la consommation du réseau radio), à performance équivalente, sur la période d’ici à 2030. Cet engagement des opérateurs suppose cependant que le régulateur adapte ses métriques et méthodes de mesures de la qualité de service (par exemple en la différenciant suivant les horaires du jour et de la nuit, ou encore en mesurant la qualité ressentie par l’usage d’un service, plus que la performance technique intrinsèque).

Cependant ces actions ne pourront à elles-seules freiner, voire inverser la croissance tendancielle de l’empreinte carbone des réseaux si les opérateurs ne peuvent optimiser le déploiement des nouvelles installations. Cette optimisation a deux volets : d’un côté le passage à la 5G que les opérateurs s’engagent à déployer à bon escient. La 5G a en effet une efficacité décuplée par rapport en particulier la 4G.

Le second volet d’optimisation est la sobriété dans le déploiement des installations mobiles. Il s’agit par ce levier de parvenir à une sobriété des déploiements des opérateurs sans altérer la qualité de service des usages réellement observés. En fonction du besoin capacitaire, le rythme de déploiement de la 5G dans les zones les moins denses pourrait être interrogé.

Un autre axe porte plus largement sur l’exploitation. Une part importante de ses émissions est lié au déplacement des techniciens de maintenance sur site. L’IA pourra aider à identifier en amont les pannes et leurs causes et donc grouper des déplacements de technicien.

Les télécoms apportent donc des solutions aux défis environnementaux et facilitent également la transition écologique.

Les efforts des opérateurs devront être accompagnés pour concilier numérisation des territoires et impératifs écologiques.

Un besoin d’accompagnement des opérateurs pour la numérisation des territoires qui passe par un fléchage de la fiscalité spécifique du secteur des télécoms vers l’aménagement numérique du territoire.

La priorité collective est celle de l’achèvement du plan Très Haut Débit à l’horizon de fin 2025, avec des solutions de financement à trouver sur les raccordements les plus complexes aux réseaux en fibre optique. En effet, l’absence d’infrastructure mobilisable tant sur le domaine public que sur le domaine privé, représente la première cause d’échec de raccordement principalement en zone rurale, et très certainement un facteur bloquant de la fermeture du cuivre.

Dans un contexte de discussion avec le Gouvernement des modalités de finalisation du plan France Très Haut Débit qui va nécessiter la mobilisation de nouvelles ressources financière, l’engagement d’une modération de la fiscalité spécifique applicable au secteur des télécoms constitue un préalable à la conclusion d’un accord gagnant-gagnant. En effet, en 2021, les opérateurs paient 1,5 milliard d’euros au titre de la fiscalité spécifique applicable qu’au secteur des télécoms…

L’effort soutenu des télécoms doit être amplifié par les autres acteurs de l’écosystème numérique

Une part significative de l’empreinte carbone des réseaux télécoms dépend des usages. Du trafic à écouler dépend en effet directement le dimensionnement des réseaux et les augmentations de capacité des équipements.

C’est pourquoi les opérateurs proposent également aux pouvoirs publics d’activer plusieurs leviers relatifs au trafic internet, propositions non consensuelles en raison de l’opposition d’autres acteurs de l’écosystème numérique et donc à date non retenus dans le cadre de la Feuille de route de décarbonation du numérique.

La première proposition faite aux émetteurs de trafic fiche-levier était de signer avec les opérateurs télécoms une charte de sobriété des transferts de données numériques qui définirait des bonnes pratiques de collaboration dans le transfert des données numériques entre l’émetteur et le transporteur de données.

La seconde, plus exigeante et à vocation plus large, serait de coopérer avec les fournisseurs de contenus sur les mécanismes les plus efficaces pour limiter la croissance du trafic. Cette proposition ambitionnait d’introduire de la sobriété dans l’émission, la consommation et le stockage des contenus, en particulier vidéo. Les étapes et le calendrier des négociations seraient définis par une autorité régulatrice qui ait un pouvoir réglementaire et incitateur vis-à-vis des fournisseurs de contenus.

Enfin, la troisième proposition serait de négocier avec les grands émetteurs de trafic une contribution à l’usage des réseaux avec un effet incitatif fort de rationalisation de la bande passante. Cette proposition vise à introduire un coût au transport de la donnée pour les plus grands émetteurs de trafic permettant l’internalisation des externalités environnementales du transport de trafic. Le levier d’une contribution financière incitative pouvait être ainsi vu comme une incitation des plus grands émetteurs de trafic à plus de sobriété. Elle rejoint la problématique soulevée à Bruxelles du « Fair share » qui pourrait contribuer au financement des réseaux, en particulier dans les territoires les plus ruraux. »

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