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10.12.25

La Fédération Française des Télécoms (FFT) publie en 2025 la 15e édition de son étude annuelle « Économie des télécoms ». Elle appelle à la mise en place urgente d’un cadre d’investissement rééquilibré : une fiscalité sectorielle allégée, une meilleure prévisibilité réglementaire et une juste rémunération des réseaux. Alors que la filière a tenu tous ses engagements — couverture, prix, transition écologique, investissements record — elle atteint aujourd’hui un point d’inflexion qui met en cause sa capacité à financer les 10 à 14 milliards d’euros d’investissements annuels pour la période 2026 – 2030, nécessaires à la décennie numérique. L’enjeu est de garantir la qualité et l’accessibilité des services pour tous, tout en préservant la capacité du secteur à financer les prochaines étapes de la décennie numérique : finalisation du très haut débit, résilience, 6G, cybersécurité, IA et souveraineté numérique.


Investissements records et leadership européen

Entre 2015 et 2024, le secteur des télécoms français a investi 117 milliards d’euros dans les infrastructures, dont 12,2 milliards d’euros sur la seule année 2024. Les quatre principaux opérateurs français ont consacré 19 % de leur chiffre d’affaires à l’investissement en 2024 ou l’équivalent de 119 €/habitant, niveau parmi les plus élevés en Europe. Ce niveau d’effort, inédit en France, place les réseaux télécoms loin devant les autres grandes infrastructures nationales, qu’il s’agisse de l’électricité ou du ferroviaire. Ces investissements massifs marquent la fin du cycle de déploiement intensif de la fibre et de la 5G, ouvrant une nouvelle phase centrée sur la modernisation des cœurs de réseau, la cybersécurité, le cloud et l’intelligence artificielle.

Des résultats concrets pour la société française

Au premier semestre 2025, la France compte 41,6 millions de locaux éligibles à la fibre (soit 93 %) ; le taux d’adoption atteint 84 % soit une pénétration de la fibre de 75 % des foyers français. Grâce à la mutualisation, presque tous les foyers raccordables peuvent choisir leur opérateur. Sur le mobile, la 5G a franchi un cap avec 28 millions de cartes actives au premier semestre 2025, soit six fois plus qu’en 2022, et une couverture à l’intérieur des locaux qui atteint 71%, positionnant la France en tête des grands États européens.

L’atlas régional THD, publié pour la première fois en 2025, révèle que des régions comme la Nouvelle-Aquitaine dépassent 95 % de couverture fibre et s’approchent de 100 % de couverture 4G, tout en identifiant les dernières zones à couvrir en métropole et en Outre-Mer.

Un amortisseur d’inflation au bénéfice du pouvoir d’achat et de la compétitivité

Entre 2015 et 2025, l’indice des prix des services télécoms a reculé d’environ 16 points, alors que l’inflation générale progressait d’environ 20 points. Cette baisse tarifaire s’est accélérée entre 2024 et 2025. Les offres fixes très haut débit et mobiles 5G françaises demeurent parmi les plus abordables d’Europe, jusqu’à deux fois moins chères qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne, et le prix du gigaoctet 5G reste bien inférieur à la moyenne européenne.

Pour les entreprises, la consommation de données explose tandis que la facture moyenne diminue, tant sur le mobile que sur le fixe premium. Le poids des services télécoms se maintient durablement sous 2,7 % du budget des ménages, contribuant directement au pouvoir d’achat des Français et à la compétitivité nationale.

Un modèle à réinventer pour la décennie numérique

L’étude met toutefois en évidence la fragilité du modèle actuel. Les opérateurs télécoms en Europe présentent des valorisations moindres que dans d’autres régions du monde, et alors que d’autres segments du numérique – intelligence artificielle, grandes plateformes, logiciels – affichent des valorisations nettement supérieures.
La fiscalité spécifique sur le secteur continue de croître, atteignant près de 1,7 milliard d’euros en 2024 (+4 % par an depuis 2020), soit plus de la moitié de l’ensemble des impôts supportés par les opérateurs. Les opérateurs télécoms génèrent environ 40 % des revenus du numérique mais réalisent plus de la moitié des investissements (57%) et assument près de 70% des recettes fiscales du numérique, la taxe sur les services numériques restant plus de deux fois inférieure au seul poids de la fiscalité sectorielle télécoms.

Transitions technologique et environnementale : une filière engagée

Sur le plan environnemental, les opérateurs optimisent l’efficacité de leurs réseaux avec le remplacement du cuivre par la fibre, bien plus efficiente énergétiquement, et l’adoption de la 5G, moins énergivore que les générations précédentes, en particulier la 2G et la 3G dont la fermeture démarrera en 2026.
L’étude met également en avant le rôle structurant de la filière dans les nouveaux usages : fournisseur d’infrastructures critiques pour l’IA (datacenters, dorsales réseau, réseaux haut débit et faible latence), acteur clé de la cybersécurité (centres de supervision 24/7, accompagnement NIS2), et pivot de l’écosystème satellite pour compléter la couverture, renforcer la résilience et soutenir la souveraineté nationale.


Retrouvez l’étude économique 2025 d’EY Parthenon sur le secteur des Télécoms.