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Contrastes

Une étude de cohorte anglaise rassurante sur l’impact des ondes sur la santé

Les derniers résultats de la cohorte anglaise « Million Women Study », publiés en mars 2022[1] sont rassurants. Dans un groupe de plus de 750 000 femmes suivies pendant plus de 14 ans, l’usage du téléphone portable n’augmente pas le risque de cancer du cerveau.

 

Comment se situe cette étude parmi les autres travaux épidémiologiques sur l’impact potentiel du téléphone portable sur la santé et comment ses résultats contribuent-ils à éclairer le débat ?

 

Les premières questions sur les risques de cancers liés à l’usage du téléphone portable ont émergé vers la fin des années 90.

Les premières réponses à ces questions ont été apportées par les outils épidémiologiques les plus rapides à mettre en place : les études « cas-témoins ». Deux groupes d’individus sont constitués (les « cas », personnes atteintes d’un cancer du cerveau et les « témoins », personnes non atteintes de cancer) et comparés, à la recherche d’une différence d’usage du téléphone portable. L’évaluation des expositions se fait par l’interrogatoire détaillé de chaque participant, ou de sa famille s’il ne peut plus répondre, sur des usages anciens remontant parfois à de nombreuses années. C’est là que réside la principale faiblesse de ces études, car les données d’usage ainsi recueillies, de façon rétrospective, sont potentiellement altérées par de nombreux biais.

Des dizaines d’études cas-témoins ont été publiées depuis 2000. Beaucoup n’ont pas montré de risques associés à l’usage du téléphone portable. D’autres, dont INTERPHONE (2010) – la plus vaste étude « cas-témoins » dans ce domaine – suggérait un risque modérément mais significativement accru chez les forts utilisateurs. En dépit de leur nombre, les résultats hétérogènes et les limites méthodologiques de ces études n’ont pas permis de conclure.

 

Les études prospectives permettent de s’affranchir des limites des études cas-témoins. Un large groupe d’individus (une cohorte), indemnes de cancer au moment de leur recrutement, est suivi sur une longue durée et des informations régulièrement recueillies sur leur état de santé et leurs expositions. Ces études, plus complexes et coûteuses à réaliser, ne produisent de résultats qu’au bout de dizaines d’années de suivi. Leur force réside dans la grande taille des populations suivies et dans la robustesse des données d’exposition, qui sont recueillies de façon prospective.

 

À ce jour, trois cohortes ont, ou vont produire des résultats sur l’impact possible du téléphone portable sur la santé. La première, une cohorte danoise[2] (2011), n’avait pas trouvé de risques plus élevés de cancer du cerveau chez les premiers abonnés au téléphone portable. La dernière, COSMOS, lancée en 2007, regroupe 6 pays, dont la France. Plus de 300 000 participants ont été inclus ; ses premiers résultats sur les cancers du cerveau n’ont pas encore été publiés.

La « Million Women Study » est une cohorte anglaise constituée entre 1996 et 2001, dans laquelle 1,3 million de femmes nées entre 1935 et 1950 ont été incluses. Plus de 750 000 ont répondu à un questionnaire sur leur usage du téléphone portable en 2001, puis de nouveau, pour une partie d’entre elles, en 2011. Les premiers résultats (2013) ne rapportaient aucune association entre usage du téléphone portable et cancers.

Dans les nouveaux résultats publiés cette année, l’incidence des tumeurs cérébrales n’est pas statistiquement différente entre le groupe d’utilisatrices et celui des non-utilisatrices de téléphone portable, quel que soit le type de tumeur. Les analyses selon l’ancienneté de l’usage (plus de 10 ans) ou selon sa fréquence (plus d’1’ ou plus de 20’ par semaine) n’ont également pas montré de différence entre les groupes. Il n’y a pas non plus de sur-incidence de tumeurs temporales ou pariétales (zones les plus exposées lors de l’usage d’un téléphone portable collé contre l’oreille) ni de prédominance droite ou gauche des tumeurs.

 

Lien vers l’étude (en Anglais) :

Cellular telephone use and the risk of brain tumors: Update of the UK million women study. Schüz et al., JNCI: Journal of the National Cancer Institute.Published: 29 March 2022.

[1] Joachim Schüz et al. Cellular Telephone Use and the Risk of Brain Tumors: Update of the UK Million Women Study. JNCI J Natl Cancer Inst (2022

[2] P. Frei et al. Use of mobile phones and risk of brain tumours: update of Danish cohort study. BMJ, 2011.

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