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Contrastes

La Fédération Française des Télécoms réclame un « Digital Act » à la française

La Fédération Française des Télécoms (FFTélécoms) vient de présenter la 5ème édition de de l’étude annuelle sur l’économie des télécoms, réalisée par le cabinet Arthur D. Little. Rappelant que les opérateurs télécoms constituent le socle de l’économie numérique, elle pointe un risque de « décrochage numérique » de la France et de l’Europe, malgré les initiatives récentes et en appelle aux pouvoirs publics pour rééquilibrer les politiques du numérique, en se basant sur les meilleures pratiques observées dans le monde.

Après la vague télécoms il y a 20 ans favorable au leadership européen, puis la vague de l’internet depuis la décennie 2000 qui a installé la suprématie des acteurs américains en Europe, la vague numérique qui déferle sur l’ensemble de l’économie offre à nouveau de formidables opportunités de croissance et d’emplois en Europe et en France, à condition de mettre fin au déséquilibre entre l’offre et la demande. En effet, si les citoyens européens se montrent friands de services et de terminaux numériques, l’industrie européenne du numérique est en panne. La consommation numérique est donc très majoritairement « importée ». Encouragée par des réseaux d’excellente qualité et, en France par des prix particulièrement bas, la demande de services et de terminaux numériques n’a jamais été aussi dynamique, ainsi qu’en témoigne l’appétence du public pour les nouveaux services comme la vidéo à la demande, le e-commerce, ou bien la domotique, ou encore les objets connectés.

Pourtant, l’économie européenne ne profite pas de cette demande. Ces cinq dernières années, les revenus de l’écosystème numérique y ont baissé de 4% par an (en moyenne) alors qu’ils augmentaient dans le monde en moyenne de 5% par an. L’ensemble des acteurs est concerné par ce phénomène: non seulement aucun géant de l’internet n’a émergé en Europe, mais les opérateurs, qui constituent pourtant le socle de l’économie numérique, ont connu une érosion de leurs revenus, tout particulièrement en France (-17% de 2010 à 1014). Or, dans le reste du monde on observe clairement une corrélation entre la croissance de l’écosystème global et la croissance du secteur télécoms.

Si les opérateurs français ont maintenu et même augmenté leurs efforts d’investissements, ces derniers commencent à fléchir, ce qui, si cela devait perdurer, ne serait pas sans conséquence sur l’ensemble de l’écosystème numérique et les services du futur.

En dépit d’initiatives récentes comme le programme « French Tech » ou la conférence numérique franco-allemande, visant à  encourager le développement de l’offre numérique française – initiatives qui, au demeurant, ne concernent pas les opérateurs télécoms – les politiques françaises et européennes sont restées trop exclusivement centrées sur la stimulation de la demande (baisse des prix, augmentation de la pression concurrentielle sur le marché des télécoms…), voire l’augmentation de la fiscalité spécifique qui frappe les opérateurs et obère leur capacité à investir dans les réseaux de nouvelle génération.

C’est pourquoi la FFTélécoms en appelle à un rééquilibrage des politiques publiques du numérique dans le sens de l’offre, et à la mise en œuvre d’un « Digital Act » à la française visant à stimuler l’ensemble des secteurs de l’économie numérique : les opérateurs, qui en sont le support, les industriels des applications et des services internet et, bien entendu, les startups qui contribueront à développer les services numériques de demain.

En observant les politiques menées dans les pays les plus avancées en la matière (Corée, Suède, États-Unis…), l’étude met en évidence cinq leviers clefs qui doivent être actionnés simultanément pour permettre à la France et à l’Europe de prendre pleinement le virage du numérique, en s’appuyant sur les opérateurs.

Selon le cabinet Arthur D. Little, ces mesures devraient donner à la France les moyens de stimuler le développement d’une offre numérique, lui permettant ainsi de rattraper son retard. La part du secteur des TIC dans la valeur ajoutée totale en France est actuellement de l’ordre de 4%.  Si elle atteignait la moyenne observée dans les autres pays de l’Union européenne (5,5%), le potentiel de création de valeur nouvelle atteindrait, selon Arthur D. Little, 25 milliards d’euros par an.

Document | Étude « Économie des Télécoms » 2015 Arthur D. Little :

Vidéo | Interview d’Yves Le Mouël, Directeur Général de la FFTélécoms :

Vidéos | Interview d’Ignacio Garcia Alves, Arthur D. Little :


Chiffres clés de l’étude « Économie des télécoms 2015 » :

  • +15 millions : croissance du nombre de français équipés en smartphones entre 2012 et 2014 ;
  • +63% : croissance des abonnés au Très Haut Débit fixe en France entre mi-2014 et mi-2015 ;
  • 20€ : prix de l’offre « Triple Play » (Internet, TV, téléphone) et prix de l’offre mobile (illimité en voix, et incluant un forfait données) la plus bon marché en France… les prix les plus bas parmi les grands pays occidentaux (France, Italie, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis) ;
  • +5% : évolution des revenus de l’écosystème numérique dans le monde (moyenne annuelle pour la période 2010-2014) ;
  • -4% : évolution des revenus de l’écosystème numérique européen (moyenne annuelle pour la période 2010-2014) ;
  • -17% : évolution des revenus des opérateurs télécoms entre 2010 et 2014 en France ;
  • 129 : valeur de l’indice d’ « effort d’investissement » des opérateurs télécoms en 2014, vs. 100 en 2010 ;
  • 4,5% : part du secteur des TIC dans le PIB en France, soit 1 point de moins que la moyenne de l’OCDE ;
  • 25 milliards d’euros : potentiel création de valeur ajoutée (PIB) si la France dépassait légèrement la moyenne de l’OCDE.

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